Comment se porte notre santé mentale ? [Opinion]

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Sommes-nous tous, ou presque, victimes d’un vaste syndrome post-traumatique ? 

Le niveau moyen d’anxiété et d’agressivité actuel peut le laisser supposer. Notre santé mentale pose question, et à plus d’un titre, au lendemain de la pandémie et des confinements que nous avons tous vécus. En effet, selon Santé publique France, les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale perdurent : on constate à l’heure actuelle une fréquence élevée des troubles du sommeil et d’anxiété, et ce plus encore chez les enfants, adolescents et jeunes adultes. 23% des adultes déclarent des signes d’anxiété, soit dix points de plus par rapport au niveau d’avant le Covid, et 63% des Français déclarent des problèmes de sommeil (+14). Chez les jeunes adultes (18-24 ans), les « actes médicaux pour angoisse » pris en charge par le réseau SOS-Médecins ont augmenté en 2020, et cru encore de 30% sur les premiers mois de 2021, comparé aux années précédentes.

À l’heure actuelle, 12 millions de Français souffriraient de troubles psychiques, soit un sur cinq. En dix ans, le nombre de patients suivis en psychiatrie a été multiplié par dix, et leur traitement pèse lourdement sur les dépenses de santé dans l’Hexagone : on le sait peu, mais les troubles mentaux représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’Assurance-maladie par pathologie (19,3 milliards d’euros), devant les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Alors que les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie s’achèvent, le baromètre publié par Europe 1 à cette occasion montre en tout cas que la dépression se répand. À tel point que 30% des moins de 24 ans ont déjà eu des envies suicidaires au cours de ces derniers mois. Bon nombre de nos concitoyens font face à cette dépression sans accompagnement médical, même si le gouvernement vient d’annoncer la prise en charge par l’Assurance maladie de quelques consultations chez le psychologue.

Pendant ce temps, les hospitalisations de mineurs de moins de 15 ans ont augmenté de 80% en mars dernier. De même, deux jeunes sur trois estiment que la pandémie aurait « des conséquences négatives sur leur propre santé mentale », selon une étude de FondaMental. Nous ne faisons sans doute que commencer à mesurer l’étendue réelle des dégâts causés tant par la maladie que par les confinements et les contraintes sur la santé mentale de toute une génération. Et ce n’est pas le énième numéro vert créé par le gouvernement, cette fois dédié à la prévention du suicide, qui y changera grand chose. Et si, au lieu de proposer des chèques psy pour les étudiants et les enfants de 3 à 17 ans, on leur bâtissait tout simplement un quotidien et un avenir moins angoissants ?

Judikael Hirel

Source : Le Monde

Cet article est publié à partir de La Sélection du jour.


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